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6/5/2003  
Le Greli-Grelo de la semaine 5

Qu’il s’agisse d’allumer son cigare cubain avant de miser sur le 8 rouge ou bien d’embraser la mèche d’un baril de T.N.T enfoui sous la résidence d’été d’un terroriste séparatiste berrichon, l’homme d’action se doit d’avoir sur lui un briquet qui ne lui fasse jamais défaut. On a vu trop de missions compromises par une pierre à feu qui saute de son habitacle avec son ressort ou par une boîte d’allumette sortie détrempée d’un costume d’homme-grenouille. Autant le dire sans détour : plus encore que le Walter PPK et le tricot en thermolactyl, le briquet est le meilleur ami de l’Agent Secret. Imaginez-vous en train de courtiser une diplomate lituanienne lors d’un buffet campagnard gratuit organisé dans les loges de l’Opéra National de Vienne. La brune ravageuse pointe son décolleté pigeonnant sous votre nez, tandis que vous la régalez de vos anecdotes piquantes sur l’art lyrique tyrolien. Enivrée par le champagne millésimé et les effluves de votre déodorant, elle fouille dans son sac à main, sans vous lâcher du regard, et en sort un fume-cigarette prolongé d’une Cool au Menthol. Imaginez la déchéance irrémédiable que vous infligeriez à cette situation pleine de promesses si, sans même y réfléchir, vous brandissiez alors le briquet Bic jetable de couleur rose que vous avez acheté la veille dans un lot de trois chez votre buraliste. Soyons sérieux. Je me doute bien qu’il vous est difficile de vous transposer dans une loge d’Opéra à Vienne. Mais croyez-en ma solide expérience : le briquet, à l’instar de l’homme d’exception, doit avoir de la classe et ne doit jamais tomber en rade aux moments cruciaux.




Antanagor Glouk at 23:33


6/4/2003  
Mambo Crocodile (Part. Two)

Résumé de l’épisode précédent : Le truand multimilliardaire Vladek Sporak, dit " Le babouin ", a été repéré sur le territoire français. Un seul homme peut le contrer et, d’ailleurs, il n’a pas trop le choix…

Le soir même, je fonçais au volant de ma CX Diesel en direction de l’aéroport d’Orly, afin d’attraper le premier avion pour Londres. Au prime abord, cette destination impromptue avait de quoi surprendre, en cela qu’elle ne me rapprochait guère de ma cible. Sporak venait d’être repéré dans un hôtel sur la côte cannoise et je n’avais à priori rien à faire en terres britanniques. Pour mieux comprendre ce curieux détour, il fallait se reporter aux instructions officielles que venait de me remettre mon supérieur, l’éminent Sénéchal Le Pleutrec. Tout en filant vers Orly, je ressassais les moindres détails de mon ordre de mission, qui reposait dans une enveloppe sur la banquette arrière en croûte de cuir beige de la CX.
Selon notre informateur, Sporak était arrivé la veille à Cannes et s’était présenté à l’hôtel " Chez Martine " sous le nom de Tobias Blondo. Ses papiers le présentaient comme le directeur général d’une importante firme de savon à barbe. Il était accompagné de trois types aux mines patibulaires, probablement des porte-flingues habilement déguisés en cadres de la mousse à blaireaux. Détail troublant, Sporak portait une coupe afro blonde et son nez avait changé. Contrairement à la plupart des truands, Sporak n’avait pour ainsi dire jamais modifié sa physionomie, ni cherché à dissimuler sa raide tignasse brune sous un quelconque postiche. Au contraire, agir à visage découvert, alors que sa sale gueule était placardée dans tous les commissariats d’Europe, renforçait son sentiment de puissance et sa fierté de nous échapper à chaque fois. Qu’il ait, cette fois-ci, jugé bon de changer de tête indiquait l’ampleur de l’escroquerie qu’il s’apprêtait à commettre. Mais c’était aussi la preuve qu'il voulait s’implanter un bon moment sur le lieu de son prochain coup, dans le plus parfait anonymat. Bref, l’animal putride tissait patiemment sa toile, sans se douter qu’il s’engluait lui-même dedans.
Vu comme ça, j’avais toutes les raisons de me réjouir et de foncer droit sur Cannes, tout en préméditant la mort violente et cruelle de mon pire ennemi. A ceci près que mes supérieurs n’avaient pas du tout envisagé la chose de la même façon que moi. Pour ces deux ronds-de-cuir, il n’était pas question de dézinguer Sporak, ni même de toucher à un cheveu du respectable Tobias Blondo. Selon eux, sa couverture était trop parfaite et il était bien trop risqué de l’attaquer frontalement. Afin d’éviter la moindre bavure, il fallait le pousser à trahir sa véritable identité avant de le harponner. D’après des observateurs infiltrés dans le personnel de l’hôtel et des casinos voisins, Sporak/Blondo avait consacré toutes les soirées qui avaient suivi son arrivée à son vice favori, c’est-à-dire à flamber au bridge. Après toutes ces années à lui courir après, je savais que Sporak avait une sainte horreur de perdre et que, si le fait de laisser quelques centaines de dollars à ses adversaires lui donnait des aigreurs d’estomac, abandonner une fortune sur la table de jeu réveillait brutalement ses pulsions psychopathes. C’est donc sur la base de ces observations que mon chef, l’éminent Sénéchal Le Pleutrec, avait échafaudé son plan : je devais débarquer à Cannes déguisé en clone d’Omar Sharif, m’approcher doucement de ma cible, le plumer de plusieurs millions de dollars au bridge et attendre sagement qu’il cherche à me buter pour que sa couverture s’effiloche et qu’on puisse le boucler sans la moindre hésitation.
Il va sans dire que j’avais quelques objections contre ce plan. D’abord, je trouvais qu’il était d’une rare stupidité. Ensuite, je n’avais pas joué au bridge depuis la mort de ma tante Aglaé, une tricheuse nonagénaire et lubrique qui nous avait quittés à mon grand soulagement trente ans plus tôt. A ma première remarque, on me fit gentiment remarquer que mes photocopieuses n’étaient pas loin et qu’elles avaient sûrement besoin d’être rechargées en papier. Et dès que j’eus fini d’exposer la seconde, on me tendit mon billet pour Londres, ainsi que les coordonnées de Lord Archibald Glouster Urtington, mon professeur particulier de bridge, chez qui j’allais passer deux jours de stage intensif….
(A suivre…)

Antanagor Glouk at 01:31


6/3/2003  
Toutes mes confuses...

Vous n'ignorez pas que la vie d'un Espion International, même lorsque celui-ci est quelque peu mis à l'écart, est faite d'incessantes péripéties. Parfois, certaines activités doivent être menées dans la plus parfaite clandestinité, ce qui explique le long silence qui s'est abattu sur ce site. Je tiens tout d'abord à m'en excuser auprès de ma mère, Andromeda Glouk, qui a une fois de plus fait creuser ma tombe (et qui devra, comme de coutume, la faire reboucher à ses frais). Ensuite, je demande pardon au crocodile du Museum de La Porte Dorée, injustement accusé de m'avoir eu pour déjeuner, sous prétexte qu'on a trouvé une montre semblable à la mienne autour d'une de ses ratiches. Enfin, je tiens à présenter mes plus sincères excuses aux lectrices et aux lecteurs de ce blog, et tout particulièrement aux lectrices. Leurs témoignages de sympathie, leur inextinguible chagrin et le fait qu'elles aient choisi de ne plus porter que des dessous affriolants de couleur noire m'ont fait comprendre à quel point le parfum fait l'homme. Car, oui, soyons honnêtes ! Je sais bien que, malgré mon faciès buriné, mes mains viriles et ma carrure d'athlète, je ne suis pas seul responsable du rayonnement érotique qui émane de ma personne. Il n'est pas dans mes habitudes de tirer la couverture (sauf si c'est pour découvrir les formes émouvantes de celle qui dormait dessous), aussi je tiens à rendre hommage à mon "sent-bon" préféré et, du même coup, à toutes celles qui sont tombées sous le charme de ce philtre magique...



Antanagor Glouk at 23:58