 
5/15/2003 Mambo Crocodile (Part. one) J’étais en train de fouiller dans ma pile de dossiers en cours de classement, afin d’en trouver un qui soit suffisamment volumineux pour caler ma table de bureau, quand le téléphone se mit à sonner. Mes supérieurs tenaient à me voir sur le champ, ce qui m’aurait comblé d’aise si on n’avait pas été si près de la pause-déjeuner. Un quart d’heure plus tard, je faisais donc face à l’éminent Sénéchal Le Pleutrec, chef redouté des Services Spéciaux Français, et à son obséquieux subalterne, le sinistre Gaëtan Mougin. A leurs mines déconfites, je compris immédiatement que la situation était grave et qu’il fallait un homme de ma trempe pour agir et réussir. -Glouk , que pouvez-vous me dire sur cet individu ? me demanda Mougin avec une bonne dose de fiel dans le timbre, tout en me présentant une photographie de mon ennemi juré, " Le babouin ". Ignorant l’ironie du roquet, je répondis avec flegme : -Vladek Sporak, caïd du crime organisé, recherché par les polices de trente-deux pays. Principal narcotrafiquant du globe, spécialiste de la contrefaçon et du détournement de fonds, sa fortune est estimée à environ trente milliards d’euros. Il a été plusieurs fois condamné par contumace et l’addition de ses peines donne la bagatelle de quatre cent vingt-huit années de prison turque. Plusieurs fois repéré, jamais attrapé. Il aurait une quarantaine d’années, mais ses nombreuses opérations de chirurgie plastique rendent son âge difficile à déterminer. De nombreux noms d’emprunts, dont le plus célèbre est " Le babouin ". Grand goût pour les femmes, les dents en or et le haricot de mouton… Coupant mon brillant exposé, Mougin lança d’une voix de vautour galleux : -Et depuis quand vous paye-t-on pour éliminer cet individu, Glouk ? J’allais répliquer avec classe, quand l’éminent Sénéchal Le Pleutrec leva ses deux mains en signe d’apaisement et prit la parole. -Messieurs, nous ne sommes pas là pour discuter des résultats mitigés de l’Agent Glouk, ni pour chiffrer les innombrables pertes financières et humaines que ses méthodes singulières nous ont coûtées. Non, si je vous ai réunis ici, c’est pour vous annoncer que nous avons tout lieu de penser que Vladek Sporak est en France. A ces mots, les premiers frissons de l’aventure commencèrent à me parcourir l’échine. Enfin, le sinistre félon avait refait surface. Sous quelle identité, avec quel visage, dans quel lieu, je n’allais pas tarder à le savoir. Mais le plus important, à cet instant, c’était que j’allai enfin avoir ma vengeance sur mon pire ennemi, l’homme à qui je devais mes plus profondes cicatrices, une clavicule en plastique, un tic nerveux dans la paupière supérieure gauche et, pire que tout, une mutation au service photocopie. Rien qu’à l’idée d’approcher enfin cet insaisissable truand, mes poings se serrèrent dans ma poche, comme s’ils étaient autour de son cou adipeux. La gorge nouée par la rage, je demandais alors : -Où est cette pourriture ? -Nous en reparlerons plus tard, messieurs, répondit l’éminent Sénéchal Le Pleutrec. Là, c’est l’heure de la pause-déjeuner. (A suivre…) Antanagor Glouk at 22:22 5/12/2003 Le Greli-Grelo de la semaine 4 Quand on est comme moi un Espion International en lutte perpétuelle contre le crime, il est un point sur lequel il ne faut jamais être négligent : l’organisation. En effet, quand vous vous retrouvez à l’autre bout du globe à pourchasser des narco-trafiquants ou à infiltrer un réseau de faux danseurs de Kazatchok, vous n’avez pas intérêt à oublier vos déguisements dans une consigne d’aéroport. Imaginez ce qui se passerait si, au beau milieu d’une réunion de mafieux siciliens, vous vous mettiez à commander une bière avec l’accent turc ! On ne dénombre plus les espions débutants qui ont laissé filer des barons de la drogue, tout ça pour avoir oublié de mettre leur réveil à sonner le matin. Comme il ne peut pas toujours voyager avec une secrétaire sexy de dix-neuf ans sur ses genoux, un Agent Secret doit avoir ses trucs pour ne jamais s’emmêler les crayons. Certains utilisent encore la bonne vieille recette des bouts de ficelle noués autour des doigts, mais on peut lui reprocher de manquer parfois de discrétion. Quant à l’agenda papier, je l’ai personnellement abandonné le jour où la charmante et perfide assistante d’un ministre ougandais, que je soupçonnais de corruption, a profité de mon sommeil pour lire la page où j’avais inscrit : " 16 Mai : Emballer la poule. Buter le vieux ". Voilà pourquoi j’ai demandé aux petits génies de la technique qui croupissent dans les sous-sols de la DGSE de m’inventer un gadget qui me permette de notifier tous mes rendez-vous, sans risque d’être déjoué par l’ennemi. Et c’est ainsi que, après deux ans d’études et de tests infructueux, nos ingénieurs malicieux m’ont fait don de mon bloc-note stylo. Si cela fait belle lurette qu’il a vomit toute son encre dans les poches intérieures de mes vestes beiges, je ne me suis jamais pour autant séparé de cet allié fidèle, particulièrement indispensable les jours de promos chez Mammouth.  Antanagor Glouk at 14:17 |
