4/20/2003 Le chant suave du puma Hier soir, je profitais d’un aimable clair de lune, confortablement alangui sur mon divan houssé de peau de zèbre, et songeais à quelque ami lointain tout en sirotant un verre de Martini-Prune. Tandis que ma chaîne Haute-Fidélité égrainait les notes suaves d’un thème de Burt Bacharach, je repensais avec émotion aux douces heures que j’avais passées, il y a quelques années, dans la propriété corinthienne de mon vieux camarade Demis Papathanousis. J’étais alors aux trousses du redoutable Vladek Sporak, plus connu sous le nom du " Babouin ", dont les activités illicites allaient du trafic de faux sacs Vuitton au commerce de crapauds hallucinogènes. Je le pistais depuis des mois, mais la malchance s’était jusqu’alors acharnée sur moi, m’entraînant à Londres quand il accostait à Cuba, me précipitant à Pékin quand son avion se posait à Rome. Mais la chance avait tourné ! Je tenais de source sûre l’information selon laquelle il avait établi ses quartiers à Corinthe, où il s’apprêtait à ourdir un complot contre un syndicat de fabricants d’Halva. Je profitai de cette occasion pour rendre visite à mon ami Demis, dont le statut d’héritier d’une des plus riches familles de Grèce n’affectait en rien la sagesse et la simplicité. Tout au plus se permettait-il quelques extravagances, comme de ne se déplacer qu’en hélicoptère, même pour aller de sa résidence à sa boîte à lettres. J’avais fait sa connaissance dans une station-service du Pirée, alors que son chauffeur essayait de persuader le pompiste de réparer l’embrayage de son hélicoptère. La situation semblait beaucoup affecter Demis, qui devait se rendre au plus vite à son club de philatélie pour raconter à ses amis combien de bureaux de poste il avait acheté dans la semaine. Ayant suivi la scène tout en rechargeant ma CX en gasoil, je proposai à Demis de l’accompagner, ce qu’il accepta avec bonne humeur. De ce dépannage naquit une amitié quasi-fraternelle, qui me valut d’être convié dans sa demeure à chacune de mes missions helléniques. Lors de ma traque sans relâche du " Babouin ", je fus ainsi accueilli dans son somptueux domaine de cinquante hectares, ce qui devait me consoler d’avoir à nouveau loupé ma cible, qui venait de quitter le Pérou pour le Burundi. Ce fut vraiment un délicieux week-end, dont j’emportai un souvenir ému lorsque mes employeurs me firent rapatrier à Paris pour m’affecter au classement des annuaires… Antanagor Glouk at 20:30 |