4/12/2003 Comme un solo de maracas…(Deuxième partie) Il s’écoula deux bonnes heures avant que le pont du " Gambas III " soit envahi par une quinzaine d’individus pérorant dans un anglais plus ou moins approximatif, les uns s’extasiant sur le luxe du rafiot, les autres se pâmant devant le bon goût de la décoration. Tous s’accordaient à louer la générosité et le génie de leur hôte, lequel transbahutait sa rondeur bonhomme d’un petit groupe à un autre, avec un frémissement de plaisir dans la moustache. Parmi ces joyeux drilles, quatre étaient des journalistes cordialement conviés à passer une petite semaine aux frais du Prince, histoire de faire taire les rumeurs qui couraient sur ses activités illicites. Le reste de la clique était un mélange savant de parasites mondains, d’industriels fuyant le fisc et de stars de soap-opéras. Il y avait également un ancien ailier-droit d’une équipe de water-polo péruvienne, tout juste sorti d’une peine de cinq ans d’emprisonnement pour le meurtre de son cheval. Les heures qui suivirent notre départ d’Acapulco furent aussi intenses qu’instructives. J’appris très rapidement que Dugong consommait son Scotch sur un lit de glace pilée et que la plupart de ses compagnons de voyage souffraient du mal de mer. Ma première demi-journée fut donc occupée à manier le pilon et à servir des Alka-Seltzer à une dizaine d’individus penchés par-dessus le bastingage. Fort heureusement, l’air marin finit par revigorer les plaisanciers et je pus ainsi passer à des préparations plus élaborées. Si le régime de Dugong était invariable et simple à confectionner, ses convives affichaient des goûts aussi complexes que variés. Leur seul point commun était d’avoir tous la dalle en pente et une résistance à l’alcool absolument phénoménale. Je passai donc la soirée à secouer mon shaker, sans perdre de vue mon livre de recettes de cocktails. Ce ne fut que sur le coup des trois heures du matin, alors qu’une légère houle secouait notre embarcation, que je pus reposer mes poignets endoloris et retourner à la préparation d’Alka-Seltzer, la plupart des fêtards ayant retrouvé leur place initiale par-dessus le bastingage. Dugong, quant à lui, ronflait bruyamment sur une danseuse professionnelle de carrapicho au teint verdâtre, ce qui me permit d’aller m’écrouler dans ma cabine, persuadé qu’aucun événement majeur ne se déroulerait cette nuit. (A suivre...) Antanagor Glouk at 01:52 4/11/2003 Comme un solo de maracas…(Première partie) Un ciel perlé d’étoiles surplombait le pont du " Gambas III ", et une douce fraîcheur nocturne commençait tout juste à dissiper les moiteurs torrides de la journée. Cela faisait deux jours que le yacht luxueux fendait les eaux du Pacifique et c’était la première fois depuis notre départ d’Acapulco que je pouvais souffler quelques minutes en contemplant l’océan. Ma couverture était impeccable, mais elle m’astreignait à un emploi du temps surchargé. En effet, grâce à un faux CV confectionné avec soin sur mon traitement de texte dernier cri, j’avais réussi à me faire embaucher comme premier barman au service de Douglas Bannister Cosworth Dugong et à me joindre au personnel de son yacht. Cet ancien serrurier, devenu milliardaire après avoir inventé le porte-clefs qui répond quand on le siffle, était soupçonné d’être mêlé à un juteux trafic de faux Rubik’s Cube. J’avais donc été missionné pour enquêter sur cet individu louche et, le cas échéant, pour l’abattre. Ayant appris par un cireur de chaussures malgache qu’il comptait organiser une mini-croisière avec quelques amis, j’avais acheté un shaker et un lot de pailles coudées et je m’étais subtilement intégré à son équipage. Observation-Adaptation-Infiltration. Fraîchement embauché, je fus convoqué sur le " Gambas III " à huit heures du matin, afin de superviser le chargement des vivres, qui étaient essentiellement constituées de bouteilles de spiritueux en tout genre. Une heure plus tard, je fermais les soutes, pleines à craquer de flacons multicolores, quand une limousine vert olive vint se garer juste devant la passerelle du yacht. Le chauffeur en chemise hawaïenne ouvrit la porte arrière et un petit homme rond et quinquagénaire, affligé d’une épaisse moustache recourbée vers le haut, sortit nonchalamment du véhicule. Il traversa la passerelle et se planta devant moi avec un air dubitatif. M’ayant examiné des pieds à la tête, il fit sortir de derrière ses infâmes bacchantes une voix affaiblie par l’abus de cigare. -Je suis le patron ! -Je suis honoré d’être à votre service, Monsieur, répondis-je avec toute la servilité acquise aux cours de mes huit années de garnison à Brazzaville. -J’espère que vous n’êtes pas un pisse-froid ! bougonna la moustache, avant que son malheureux propriétaire disparaisse dans sa cabine. (A suivre…) Antanagor Glouk at 12:45 4/8/2003 En avoir ou pas... -Mon Anta d'Amourrrrr, comment fais-tu pour être aussi fort ? -Je n'y peux rien. Je suis né comme ça. -Etonne-moi encore ! -A ton service, poupée... Cela faisait deux heures d'affilée que je bluffais la pétulante Katia Ruskovia en traversant ma suite de l'hôtel Jacques Médecin avec une coupe de Champagne posée sur l'arête du nez. La blonde platine me dévorait des yeux, fascinée par ma dextérité, applaudissant à chacune de mes roulades arrières, exultant à chaque grand écart latéral. Dans la mesure où elle me prenait pour un voyageur de commerce qui avait réussi et qui flambait sa fortune dans tous les casinos de la côte d'Azur, elle était à mille lieues de s'imaginer que je devais mon aisance et mon endurance à six ans de formation dans les commandos paras. Quand enfin je sentis que son désir avait atteint son comble, je fis sauter la coupe de Champagne de mon front à ma main droite et je vins m'étendre sur le lit en riant. -Je me rouille, lui sussurai-je. Il y a quelques années, je l'ai fait tout une nuit pour une des épouses de l'émir Akhbahr. Alors qu'elle glissait lentement ses mains chaudes sous mon débardeur, je cherchais comment je me justifierai lorsqu'elle découvrirait le revolver coincé sous mon aisselle gauche. Mais quand ses doigts frêles atteignirent le holster de cuir fauve, elle ne sembla pas troublée. Elle nicha son doux visage dans mon cou et fit glisser son index le long de la crosse de mon flingue. J'allais sortir mon baratin quand elle posa ses lèvres sur les miennes et appuya vivement sur la gâchette du Derringer. Heureusement, la balle qui jaillit du canon ricocha sur mon gilet pare-balle et alla se loger dans le plafond au dessus du lit. Une pluie de plâtre tomba dans mes yeux, ce que la belle mit à profit pour bondir hors du lit et courir vers la porte. Aveuglé, j'empoignai cependant la bouteille de Champagne sur la table de chevet et la jetai dans la direction de la silhouette imprécise qui s'engageait déjà dans le couloir de l'hôtel. Le projectile cogna contre sa chevelure couleur de blé et la traitresse s'écroula sur un chariot de service. Il s'ensuivit une des plus nuits les plus sensuelles de toute ma carrière, au terme de laquelle je l'emmenai au commissariat de Nice, alors qu'elle était toujours plongée dans un coma profond... Antanagor Glouk at 15:37 Greli-Grelo, combien de pierres dans mon sabot ? (Part.One) Vous êtes très nombreux à me demander quel type de matériel ultra-sophistiqué un espion doit transporter avec lui. Tenu au Secret-défense, je ne suis pas supposé vous divulguer ce genre d'informations. Mais comme je vous aime bien et que j'ai raflé trente dollars au Baccara hier soir (au terme d'une partie impitoyable contre le redoutable Cheikh Shake), j'ai décidé de vous faire plaisir et de vous ouvrir ma valise. Une fois par semaine (si une mission périlleuse ne me prive pas de votre sympathique compagnie), je vous ferai découvrir un objet tout droit sorti de ma malette en cuir bordeaux. Pour commencer en beauté, je vous permets de découvrir mon fidèle parfum Marksman, dont la pénétrante senteur musquée n'a d'égale que la subtilité du flacon. Vous comprendrez mieux ainsi l'étrange pouvoir d'attraction que mon être opère généralement sur la population féminine des quatre coins du globe... Antanagor Glouk at 14:33 |